lundi 1 décembre 2014

Cool Raoul

Ce blog est totalement laissé à l'abandon, il y a en plus plein de photos qui ne sont pas visibles, classe quoi. Mais que fait la personne qui le tient bon diou ? … Ah merde c'est moi. Quoi? Pour que les posts de ce blog soient en ligne, il faut que je les écrive en plus ? Que j'utilise mes petits doigts, les faire bouger sur les touches pour que ça marche ???! Rolala, faut faire des efforts!! Nan mais qu'est-ce qu'il faut pas inventer ...

Bon en fait, c'est juste que je n'ai pas eu trop le temps et aussi la flemme d'écrire. Et puis je m'étais jurée que le prochain article serait sur la famille Salimpour, sauf que j'ai du mal à l'écrire et j'ai tellement peur de dire des conneries que … je n'ai rien fait ! Aaaaaah, quand la peur de faire mal me pousse à ne rien faire du tout. Pratique pour progresser n'est-ce pas !

Alors je voulais vous faire part d'une de mes grandes réflexions. Elle concerne cette peur de faire mal les choses et des barrières pourries que l'on place nous-même en travers de notre propre chemin.

Voilà,

Il n'y a pas très longtemps, j'ai revu des vidéos de quand j'étais petite et c'est marrant parce que je n'arrêtais pas de gesticuler, comme si mes membres avait leur volonté propre et que je les laissais vivre leur vie. Les gens qui me connaissent savent que je parle beaucoup avec les mains. Et ben quand j'étais petite c'était piiiiiirrrrree. J'ai commencé la danse à 3 ans et demi je crois, et je me souviens d'une des chorés de mon premier spectacle, sur la musique des Bisounours, que j'avais dansé dans mon pyjama préféré et avec mon nounours. Il y avait tout les gens du village qui nous regardaient mais je m'en foutais car je dansais avec mon Gros Pépère et c'était trop bien. Je pense que j'avais un trop plein d'énergie qui pouvait se canaliser dans la danse et j'ai toujours adoré danser.

Quand j'étais petite, je créais des petites chorés pour les anniversaires de mes parents et autres fêtes familiales (les pauvres, ça durait des plombes parfois!) et je désespérais mes frangins car ils étaient obligés de venir voir mes pestacles de fin d'année. Je pense que mes danses devaient être assez conceptuelles, je ne sais pas à quoi ça ressemblait mais mieux vaut peut-être pas que je m'en rappelle !

Le fait est que j'ai toujours ressenti le besoin de m'exprimer que ce soit par la danse, le dessin, le théâtre, l'écriture et autres … J'ai toujours eu plein d'histoires tournant dans ma tête (et oui, nous sommes un peu trop nombreux sous mon crâne parfois) et j'ai toujours eu besoin de les en faire sortir pour ne pas péter un câble.

Mais voilà, en grandissant je me suis sentie de plus en plus bloquée pour m'exprimer, en particulier pour la danse car je pensais que je ne connaissais pas assez de pas pour avoir le droit de faire des chorés. Petit à petit, je me suis donc mise des barrières alors que quelques années auparavant, je m'en foutais, je dansais tout simplement. J'étais en plus persuadée que ma prof ne m'aimais pas et j'ai donc passé plusieurs années à croire que je devenais de plus en plus nulle en danse.

Les années ont passé, j'ai changé de prof, j'ai repris la danse classique, j'ai testé la danse médiévale et le hip hop. J'ai essayé de créer des choses à nouveau mais sans arriver à me convaincre que j'avais le niveau pour le faire.

Lorsque j'ai commencé à découvrir l'American Tribal Fusion, j'étais à la fois intriguée par cette forme de danse et à la fois je n'osais pas tenter l'expérience parce que … je ne me trouvais pas assez jolie pour le faire........... l'excuse toute pourrie.

C'est donc au bout de 3 ans que je me suis enfin motivée à me lancer en allant au Tribal Umrah à Rennes. Là, toutes les réticences que j'avais ont volé en éclat car je me suis rendue compte que la communauté tribale est extraordinaire et je m'y suis tout de suite sentie chez moi. Et surtout, je me suis rendue compte à quel point les « danses tribales » étaient parfaites pour moi, en particulier l'American Tribal Fusion qui donnait une grande liberté d'expression. J'étais donc certaine que c'était la danse qui m'aiderait à m'exprimer de nouveau.

Je me suis donc lancée à fond dans les cours d'ATS et d'ATF, j'ai acheté des DVDs, je dansais presque tout les jours parce que j'étais tombée amoureuse de ces danses! Je me suis assez vite rendue compte que je pouvais créer des chorégraphies et c'était comme si j'avais retenue ma créativité tellement longtemps qu'elle voulait s'échapper d'un seul coup. J'étais donc très impatiente de pouvoir en faire quelque chose. Mais bien sûr, je me suis très vite remis des barrières et j'étais surtout hyper stressée par rapport à ma danse.

Ma plus grande difficulté a été d'accepter d'être débutante dans une nouvelle discipline. En effet, je n'arrêtais pas de me dire « punaise ça fait tellement longtemps que je fais de la danse, si je ne suis pas capable d'apprendre vite une nouvelle danse c'est vraiment que je suis trop nulle et que toutes les années précédentes n'ont servies à rien ». Et puis quand j'osais me dire « bon, j'apprends vite quand même, mes années de danses me permettent quand même bien de mémoriser ce nouveau pas », je m'auto-critiquais tout de suite d'égocentrique et je me focalisais sur ce que je n'arrivais pas à faire pour bien me montrer que je n'étais pas aussi forte que je le croyais. Mais surtout je me disais que tant que ma technique n'étais pas parfaite, je n'avais tout simplement pas le droit de créer.

J'avais donc à la fois affaire un enthousiasme débordant qui se percutait de plein fouet aux difficultés techniques. Car oui, il a fallu que j'apprenne à solliciter des muscles que je n'avais jamais vraiment fait travailler, même si j'avais déjà appris le concept des isolations par les autres danses. Je me suis donc énormément mise la pression lorsque je dansais chez moi et je posais des questions débiles autour de moi du genre « Et vous les autres danseuses trop fortes, vous vous entraînez combien de temps par jour, pour progresser hyper méga viiiitte ? » « A partir de quel moment on a le droit de dire qu'on est danseuse? » « C'est quoi le secret à savoir pour apprendre rapidement? »  « Quand est-ce qu'on a le droit de créer ??? ».

Je pense aussi que j'avais énormément peur du regard des autres. Quand je dansais chez moi j'entendais limite les voix de spectateurs imaginaires «Nan mais regardes, t'as vu celle-là? Non seulement elle a une technique de merde mais en plus elle ose créer une chorégraphie c'est n'importe quoi ! C'est trop nul, elle devrait mieux laisser la place aux vraies danseuses au lieu de s'y croire! » (Je vous avais dis qu'on était beaucoup dans ma tête!) La danse est quelque chose de tellement personnel, que j'avais peur qu'on me lynche sur ce que je faisais et d'être énormément blessée par ça.

Mais voilà, au bout d'un moment j'ai décidé de ne plus me laisser faire et d'enlever petit à petit ces barrières qui m'empêchent de faire ce que je veux faire. Il a d'abord fallu que j'accepte que l'apprentissage d'une nouvelle danse peut prendre du temps tout simplement. Parce qu'il faut que notre corps s'habitue au nouveaux mouvements, que les muscles se renforcent petit à petit, qu'il faut les intégrer à notre mémoire corporelle et que ça ne se fait pas en une semaine. Mais surtout que la « perfection » technique ça n'existe pas, chaque grande danseuse a eu ses propres difficultés pour apprendre. La patience et la pratique sont des éléments clés dans l'apprentissage. Je ne penses pas que le but principal est de devenir la meilleure danseuse du monde, de toute façon, il y aura toujours énormément de danseuses plus douées. Mais surtout il faut garder à l'esprit que la danse est un moyen d'expression et que l'on n'est pas obligé d'être méga doué pour avoir le droit de s'exprimer.
Quand j'étais petite je dansais devant des gens et pourtant je n'avais pas la technique parfaite vu que j'étais petite et en plein apprentissage. Et cela ne me gênait pas. Alors pourquoi une fois adulte ça changerait?

Je me suis aussi rendue compte que chez moi, les seuls spectateurs sont mon chat, mon lapin et parfois mon chéri (mais il s'en fout un peu à vrai dire). Je peux donc danser en total free style comme je le veux, il n'y a que moi qui sait ce que je suis en train de faire, je suis donc totalement liiiiiiiiiibre ! Je peux me tromper en faisant un exercice, personne ne me voit ni ne me juge parce que je n'y arrive pas, vu qu'il y a personne d'autre que moi.

Et puis j'ai osé me lancer, j'ai construit des chorégraphies et surtout, je les ai montrées. Ma première choré était un trio avec des copines, et je me suis rendue compte à quel point c'était chouette de créer à plusieurs. Et surtout, une fois dansée devant des gens, personne n'a été méchant avec nous. On ne nous a pas jeté d'objets pendant la prestation ni tabassées à la sorties sous prétexte qu'on était trop nulles et qu'on n'avait pas le droit de créer. Au contraire, on a eu le droit à un super soutien de la part de nos profs et de nos camarades de cours. Et je me suis donc rendue compte que notre pire ennemi est souvent nous-même.

Maintenant j'ose donc me lancer dans l'aventure, je m'entraîne parce que j'aime cette danse, non plus parce que je dois absolument progresser vite pour me sentir légitime. Je créée mes chorégraphies au fur et à mesure de mes idées, certaines aboutissant, d'autres pas. Je ne me suis pas encore faite descendre parce que ma chorée était nulle à chier, les critiques envers mon travail ont toujours été constructive. Parce que les autres danseuses ne sont pas des harpies prêtes à détruire le travail des autres, parce que j'ai la chance de faire partie d'une communauté de danseuse très soudée et fort sympathique.

Après, je sais que ce n'est pas non plus le monde des bisounours mais je garde en tête ce que m'ont dit mes profs et certaines danseuses. En particulier Sharon Kihara avec qui j'ai eu la chance de discuter et qui m'a transmis ce très sage conseil « Just fuck off ».

Alors, voici mon message à celles et ceux qui sont dans la même situation que moi : cool Raoul ! Prenez le temps d'apprendre, c'est parfois frustrant mais le plus important c'est de se faire plaisir en dansant. Faites taire la ptite voix sournoise qui vous dit « Roh, mais t'es trop nul(le), arrête ça sert à rien ». Mettez lui un joli poing dans la figure et continuer à danser. La vie est trop courte pour se la gâcher soi-même. (Et si la petite voix c'est quelqu'un, évitez quand même le poing dans la figure même si parfois certaines personnes le méritent amplement). 

Et si vous voulez faire des chorés faites les. Après, il faut juste savoir être honnête avec soi-même et ne pas prétendre ce qu'on est pas. J'en suis à ma vingtième année de danse (je ne compte pas les 2x2 ans durant lesquels j'ai arrêté), je pense que j'ai quand même le droit de dire que je suis danseuse. Mais je ne suis pas professionnelle car je n'ai pas le niveau et ce n'est pas mon métier. Mais je suis quand même une danseuse, car j'aime cet art et le pratique parce que j'en ai besoin pour m'exprimer. Et même après le premier cours, voir même en apprenant en autodidacte, on est danseur(se) et on est en droit de créer. C'est juste qu'être pro, c'est une autre histoire.

Et je finirais par cette phrase que Djeynee m'avait écrite sur un forum suite à un de mes moments de questionnement existentiel pourri : « Si tu veux danser danses ». En gros : agis et arrêtes de te poser des questions existentielles bizarres!


Sur ce, je vous laisse avec la vidéo d'une fille que j'aime beaucoup et qui illustre parfaitement mes dialogues avec « la ptite voix sournoise et négative » dans ma tête (Et je vous conseille ses autres vidéos car elles sont quand même bien marrantes!).




Je vous dis donc à bientôt … ou à dans 6 mois …. ou à dans 1 an …. voir plus, vu ma régularité d'écriture sur ce blog. Je vous bisouilles !